La belle aventure du bio
Prince de Bretagne et le bio, toute une histoire
L’heure est venue de parler d’un bout de l’histoire de cette Association d’Organisations de Producteurs (AOP) et notamment d’une très belle aventure, celle du bio.
Les prémices de l’aventure Prince de Bretagne remontent à 1958 avec la création du comité de l’artichaut. Les maraîchers d’alors amorcent une structuration pour "vivre dignement du revenu de leur travail". Il faudra attendre 1970 pour la création officielle de la marque. Depuis ses débuts, le vent coopératif souffle sur l’organisation qui, au fil des années, se structure pour répondre aux attentes du marché, accompagner les producteurs et améliorer les pratiques agricoles. En 1997, l’arrivée de l’agriculture biologique est une continuité logique à cette épopée.
Entretien avec Jean-Jacques Le Bris, maraîcher bio à Pleumeur-Gautier et président de la section bio Prince de Bretagne pendant 21 ans.
C’est en 1997 qu’une poignée de maraîchers passionnés fait entrer la marque Prince de Bretagne dans l’Agriculture Biologique (AB). Alexis Gourvennec, alors président de l’AOP Cerafel, donne le go. Une consigne tout de même : "Faites-le, mais faites-le bien !". Ils sont une petite dizaine à réinterroger leurs pratiques culturales pour répondre au cahier des charges AB. "L’objectif n’était pas de quitter nos familles agricoles, nous étions, et sommes toujours, des coopérateurs convaincus. Nous entrions dans une démarche de progrès, surtout pas d’opposition, pour répondre aux enjeux sociétaux. Nous avions le sentiment qu’un défi nous attendait", raconte Jean-Jacques Le Bris.
De timides débuts…
"Nous avons connu des écueils, mais moins que ce que nous imaginions. Nous étions prêts et motivés ! Nous avons d’abord créé une commission bio. Les présidents des trois organisations de producteurs* qui constituent notre groupement breton ont été d’un grand soutien et nous ont accordé leur confiance. Le plus difficile a sans doute été de convaincre les négociants pour trouver les marchés, Prince de Bretagne étant une marque plurielle où le conventionnel côtoie le bio. Nous avons toujours fait la part des choses, autant au sein de nos exploitations que dans les stations de conditionnement et d’expédition. Notre production a toujours été parfaitement séparée du conventionnel et respectueuse d’un cahier des charges très strict. Nous étions attendus au tournant et devions être irréprochables. Au vu de la qualité de nos produits, la confiance s’est installée. Nous avons donc décidé de commercialiser notre production sous la marque "Prince de Bretagne Légumes Bio".
* La marque Prince de Bretagne représente trois coopératives : la SICA (Saint-Pol-de-Léon, Finistère), Les Maraîchers d'Armor (Paimpol, Côtes d’Armor) et Terres de Saint-Malo (La Gouesnière, Ille et Vilaine). 1 322 maraîchers sont regroupés au sein de la marque pouvant ainsi proposer une large gamme de légumes, 145 au total dont 77 en bio. Cette union facilite le travail des producteurs.
…jusqu’à devenir leader
"Ayant intégré depuis longtemps une démarche de réduction des intrants, les difficultés techniques rencontrées n’étaient pas insurmontables. C’est le commerce qui a pêché mais la coopérative nous a accompagnés financièrement les premiers temps. Et quelle satisfaction collective de voir, en quelques années, notre ténacité porter ses fruits ! Ce n’est pas pour rien que la Bretagne présente les plus grandes surfaces de productions dédiées aux légumes bio en France*. Nous sommes passés de 4-5 légumes à nos débuts à 35 en 2010 et plus de 70 aujourd’hui. Petit à petit, nous nous sommes diversifiés pour répondre à un marché dynamique et qui demandait une multitude de références. La station expérimentale Terre d’essais (Côtes d’Armor), dédiée au bio depuis 1998, nous a permis de nous positionner sur cette diversité de légumes. Entre 2010 et 2020, la production bio a doublé. Cela s’est fait en corrélation avec l’augmentation de producteurs et nous sommes fiers aujourd’hui de compter 98 exploitations.
Quelle satisfaction de voir que notre agriculture, l’agriculture biologique, peut être pérenne tant économiquement qu’écologiquement, qu’elle a pu exister, se démocratiser et cohabiter avec les autres".
*Source : agence Bio.
Le bio, incontournable !
"Des périodes de contractions économiques, on en a connu. Et nous avons toujours continué de croire en nos pratiques agricoles. Le constat est là : l’agriculture biologique suscite des vocations. La moitié des producteurs bio ont moins de 40 ans et les consommateurs sont attentifs aux pratiques vertueuses et agroécologiques. La marque, pour redynamiser la demande et rappeler les fondamentaux du cahier des charges bio, soutient plus que jamais les maraîchers bio avec des campagnes d’affichage dans le métro, la presse, un spot TV sur les chaînes nationales. Elle est la première marque à s’être associée à la campagne #Bioreflexe de l’agence Bio. C’est dire si le bio, chez Prince de Bretagne, on y tient et on y croit !"